Les conséquences de la crise climatique se font sentir chaque jour davantage. Durant l’été 2011, le recul de la calotte glaciaire arctique a tristement frisé un nouveau record. Malgré cela, la consommation d’énergie fossile et les émissions mondiales de CO2 ont atteint un niveau sans précédent en 2010. Pour solutionner cette crise, un accord climatique concerté au niveau mondial est absolument nécessaire, chaque pays devant prendre ses responsabilités au nom du bien commun. C’est l’enjeu de la Conférence annuelle des Nations unies sur les changements climatiques qui va ouvrir ses portes d’ici quelques jours dans la ville de Durban (du 28 novembre au 9 décembre). Si personne n’attend que ce nouveau round de négociations débouche sur l’adoption d’un accord contraignant cette année, Durban n’en reste pas moins une étape décisive dans la construction d’un accord. Petit tour d’horizon des enjeux qui attendent les négociateurs à Durban.


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De Copenhague à Durban en passant par Cancun



Après l’échec de Copenhague en 2009, les négociations avaient péniblement redémarré au cours de l’année 2010 pour déboucher à Cancun sur un accord qui avait « sauvé le processus mais pas le climat ». L’objectif des 2° d’augmentation maximale de la température, recommandé par le GIEC, a été inscrit dans une décision de la Convention ainsi que les contributions volontaires de réduction des émissions mises sur la table après Copenhague. Une série de nouvelles institutions ont également été créées : un Fonds Vert pour le Climat, un cadre pour soutenir l’adaptation aux changements climatiques, un mécanisme technologique pour promouvoir le transfert de technologies propres dans les pays en développement ainsi que les bases d’un mécanisme pour lutter contre la déforestation.

Mais les principaux points d’achoppement, qui avaient déjà fait chuté les négociations à Copenhague, n’ont pas été solutionnés et se retrouvent à nouveau sur la table des négociateurs à Durban sous la forme de trois « fossés à combler ».

Les trois « fossés » à combler à Durban



• Le niveau d’ambition des objectifs climatiques
Malheureusement, l’Union européenne est loin de donner le bon exemple. Son objectif de 20% de réduction des émissions de CO2 en 2020 est insuffisant et doit sans plus attendre passer à 30% à l’intérieur des frontières en 2020. Quant à la Belgique, il est temps qu’elle dépasse ses dissensions internes pour se ranger au plus vite parmi les pays européens progressistes qui soutiennent un objectif européen plus ambitieux comme la Grande Bretagne ou le Danemark.


• Le cadre légal pour l’après 2012
La Belgique, là encore, doit faire entendre sa voix dans le débat européen et plaider pour une interprétation souple des conditions de reconduction du Protocole qui laissent véritablement la porte ouverte à une nouvelle période d’engagement


• Les financements climatiques
Quant à la Belgique, elle doit commencer par respecter ses promesses de financements à court terme. A Copenhague, la Belgique s’était en effet engagée à débourser 150 millions d’euros sur 3 ans. De ce montant promis, seuls 60 millions ont été versés par l’Etat fédéral et 2 millions par la Région wallonne. Rien n’est encore prévu pour les 88 millions d’euros restants. Notre pays doit absolument apporter des garanties sur le fait qu’il assumera ses promesses de financement à court terme envers ses partenaires du Sud et que ces financements seront bien nouveaux et additionnels. Il en va de la crédibilité de notre pays dans ces négociations et de sa capacité à être un partenaire fiable.

Conclusion



Le processus en cours au sein des Nations unies représente à ce jour la meilleure option pour coordonner la lutte contre les changements climatiques. Mais les avancées observées jusqu’ici sont lentes et surtout insuffisantes. Pour que le processus en cours sorte de sa léthargie, il faut davantage de volonté politique et des actions concrètes, principalement de la part des pays industrialisés. La Belgique, de part la quantité de gaz à effet de serre qu’elle émet par habitant, a une responsabilité importante dans les changements climatiques qui se concrétisent clairement. Les trois « fossés » ne pourront être comblés sans un certain nombre d’actions concrètes de la part des pays industrialisés, dont la Belgique, en matière d’atténuation, d’ouverture à une poursuite du protocole de Kyoto et de financement.




Nos politiques ne peuvent pas aller à Durban les mains vides !