Question : Le 5/10/2012
«Madame, Monsieur,
Je me proposais de vous donner ma voix ce 14 /10 prochain, cependant il va falloir me convaincre…
Il y a un an j’ai investi plus de 10.000 euros dans des panneaux photovoltaiques et si je l’ai fait par conviction pour apporter ma petite pierre a ce sauvetage de la planète que vous préconisez tellement c’est aussi parce que je croyais aux promesses de nos dirigeants wallons sur l’aide qu’ils faisaient à ceux qui investissaient
Mais que ne fus-je pas étonné des propos de Monsieur Nollet sur sa rage à taxer les certificats verts …. D’une manière ou d’une autre
Alors êtes vous solidaires des propos de ce monsieur ?
Vous voulez économiser l’énergie sur les bâtiments de la commune mais via quel système ?
J’ai lu que vous aviez totalement banni le photovoltaique de vos folders, il n’y en a plus que pour la biomasse pour laquelle je suppose Mr Nollet fera les mêmes promesses d’aide au citoyen qui investira dans ce qu’il trouve être un nouveau défi.
Alors persuadez moi que je dois faire le choix de votre parti ce 14 octobre prochain
Bien à vous»
Réponse : 7/10/2012
«Bonjour Monsieur Xxxx,
Merci pour votre message.
Je suis surpris par votre propos à l’égard d’ECOLO et du ministre Nollet.
Vos questions sont nombreuses, dès lors veuillez excuser par avance la longueur de la réponse laquelle s’articule en plusieurs points.
1. En ce qui concerne la responsabilité d’ECOLO pour le soutien au photovoltaïque
Le plan Solwatt a été lancé en 2008 à l’initiative du gouvernement régional de l’époque, auquel ECOLO ne participait pas. M. André Antoine (Cdh) était à l’époque le ministre responsable de la politique énergétique de la région wallonne.
Pour ECOLO, l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas. C’est aussi la seule qui n’est pas taxée, d’une manière ou d’une autre (accises ou TVA par exemple). Encourager la production d’énergie verte avant de rationaliser la consommation, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Placer des panneaux photovoltaïques sur une toiture peu ou mal isolée est contre productif d’un point de vue environnemental.
C’est la raison pour laquelle depuis 2009 la région wallonne a mis l’accent sur l’isolation des bâtiments. C’est en rationalisant la consommation que l’on préserve le mieux notre environnement.
2. En ce qui concerne les propositions d’ECOLO pour réaliser des économies d’énergie
ECOLO propose de réaliser des audits énergétiques des bâtiments. Ces audits sont des études de la consommation et de l’enveloppe (toitures, fenêtres, murs etc.) de chaque bâtiment. Ils permettent de déterminer là où des travaux sont nécessaires et quel est le temps de retour sur investissement.
Si un phasage des travaux s’avère nécessaire, ECOLO préconise d’investir en priorité dans l’isolation des bâtiments les plus énergivores. Les économies pour le budget communal n’en seront que plus importantes.
Toutes ces mesures devront être accompagnées d’une sensibilisation des utilisateurs à un usage plus rationnel de l’énergie comme par exemple ne pas chauffer ou éclairer les bâtiments lorsqu’ils sont inoccupés, éteindre les appareils en fin de journée, fermer les portes et les fenêtres lorsque les bâtiments sont chauffés, ne pas surchauffer les bâtiments (1° C en plus = en moyenne 7% de consommation supplémentaire) etc. Des gestes simples qui peuvent considérablement réduire la facture en fin d’année.
3. En ce qui concerne la taxe sur les certificats verts
Il s’agit d’une redevance forfaitaire. Elle s’élève à € 1,80 par an par producteur vert. Soit pour 7 certificats verts délivrés pour une production annuelle de 1000 kW.h et revendus au prix garanti par la région (€ 65 le certificat) une redevance de moins de 0,4 % ! Cette redevance tombe à 0,2% si la production est doublée, etc. Je ne pense pas qu’un prélèvement de 0,4%, voire moins, puisse être qualifié de « rage taxatoire ».
Cette redevance est destinée à couvrir les frais supplémentaires supportés par la CWAPE (commission wallonne pour l’énergie) et engendrés par la gestion des certificats verts. Ces frais de gestion supplémentaires ne sont donc engagés qu’au seul bénéfice des producteurs d’électricité verte.
Cette redevance a été décidée par le gouvernement wallon dont ECOLO est une des trois composantes (avec le PS et le Cdh). Il n’est donc pas correct d’attribuer seulement à ECOLO la paternité de cette redevance.
4. En ce qui concerne le développement du photovoltaïque privé :
Le développement du photovoltaïque aura pour conséquence une aggravation des inégalités sociales.
1ère inégalité : seules les personnes qui disposent de moyens financiers suffisants peuvent investir dans les panneaux photovoltaïques. Par conséquent, seules ces personnes bénéficient des subventions et des réduction de contributions. Ceci est un manque à gagner pour les pouvoirs publics qui est supporté par toute la collectivité.
2ème inégalité : la gestion du réseau de distribution d’électricité est assurée par les intercommunales et par ELIA, tous des opérateurs publics. Les frais de cette gestion sont facturés par le biais d’une redevance forfaitaire pour chaque kW.h consommé. Or les personnes qui installent des panneaux photovoltaïques voient leur consommation diminuer. Par conséquent, ceci entraîne une diminution proportionnelle de leur contribution à l’entretien du réseau. A charge pour l’ensemble de la collectivité de couvrir le manque à gagner.
3ème inégalité : le marché des certificats verts s’est écrasé en Wallonie depuis cette année. L’offre est devenue bien supérieure à la demande. Le prix de rachat sur le marché est désormais inférieur au prix garanti par la région (€ 65). Elia, le gestionnaire public du réseau de distribution à haute tension, est tenu d’acheter les certificats verts à ce prix. Pour le premier semestre de 2012, ce rachat a représenté une charge de 8 millions d’euros. A terme, la CWAPE estime que le coût de rachat pourrait atteindre les 200 millions d’euros. Dès lors, ELIA a obtenu de pouvoir répercuter sur l’ensemble des consommateurs cette charge supplémentaire, faisant grimper la facture d’électricité de l’ensemble des ménages wallons de € 20,00. Ceux qui possèdent des panneaux photovoltaïques, mais aussi les autres.
5. En ce qui concerne le contexte économique général :
La crise financière frappe de plein fouet. Notre pays est obligé de réaliser des économies drastiques sur ses budgets. Plus de 14 milliards d’euros en 2012, une somme inégalée dans l’histoire de notre Royaume. Il me semble qu’une modeste contribution de 0,4% prélevée auprès d’un public déterminé et destinée à couvrir les frais supplémentaires de gestion d’une administration à destination de ce même public n’est pas une mesure indigeste.
Enfin, pour conclure, je dirais que ces éléments conduisent ECOLO a préconiser d’abord le soutien aux investissements en vue de réduire la consommation d’énergie. Ce soutien est et sera accompagné de mesures en vue de corriger les inégalités sociales, car les personnes les plus précarisées vivent dans les logements les moins bien isolés et, par conséquent, consacrent la plus grande part de leurs revenus à se loger et à se chauffer.
C’est aussi pourquoi ECOLO insiste pour que l’isolation soit maximale lors de la construction ou la rénovation des logements publics. Ceci afin de réduire la facture pour les habitants par définition parmi les plus précarisés.
J’espère que ces réponses vous auront convaincu du bien fondé des choix préconisés par ECOLO.
Je reste à votre disposition pour toute information complémentaire.
Cordialement,
»